Qu’est-ce qu’un expatrié ?

Qu’est-ce qu’un expatrié ?

A l’ère où la jeunesse vadrouille et où les professions n’ont plus de frontières, et moi-même vivant depuis des années hors hexagone, que veut dire être expatrié et surtout qu’est-ce que qu’un expatrié ? Peut-on se qualifier d’expatrié lorsqu’on habite a l’étranger ? Quelle est la définition d’expatrié ? Wikipedia nous éclaire déjà un peu plus à ce sujet :

Un expatrié est un individu résidant dans un autre pays que le sien (sa patrie). Dans le langage courant, il sert généralement à désigner des professionnels hautement qualifiés s’établissant à l’étranger pour des raisons professionnelles. Contrairement à l’émigré, l’expatrié n’a typiquement pas l’intention de s’installer à long terme dans le pays de résidence (mais peut toutefois en obtenir la citoyenneté) et provient d’un pays ayant un niveau de développement économique égal ou supérieur à celui du pays de résidence.

Il est mentionné que ‘dans le langage courant’, il désigne des professionnels grassement payés pour leurs compétences, je m’étonne que ce terme est une telle connotation. Pourtant, après avoir discuté avec quelques-uns de mes amis et connaissances dispersés en Europe ou au bout du monde, certains ont effectivement cette vision de l’expatrié : une personne souvent recrutée pour ses hautes qualifications professionnelles, qui quitte son pays par l’appât de l’argent et qui ne reste dans le pays d’accueil qu’une période bien précise. Certains me disent même qu’ils détestent être appelés expatriés puisqu’ ils ne se voient pas comme tels.

Mon ex compagnon, de nationalité néerlandaise, disait également ne pas se sentir expatrié. C’est sa première expérience à l’étranger et déjà son troisième poste ici à Barcelone, il sait qu’il n’appartient pas non plus à la communauté locale, mais il se sent bien, chez lui, c’est surtout cela qui lui importe. Ses amis sont de différentes nationalités, Espagnols, iIaliens, Francais, Belges, etc.

À mon précédent travail et dans la plupart des entreprises internationales implantées à Barcelone – tout comme les autres capitales européennes – au moins une dizaine de nationalités différentes se côtoient chaque jour, certains arrivés récemment et d’autres habitent en Espagne depuis des années et se proclament donc immigrés.

Dans le cas de la Catalogne, c’est encore un pas de plus à faire, car les Espagnols doivent eux-mêmes s’intégrer à la culture catalane et apprendre la langue, et pour nous étrangers, c’est parfois un double défi.

Mais revenons au coeur de la question. Une autre amie québecoise basée à Amsterdam me confie que le problème dans les pays du Nord, où tout le monde parle anglais, et dans ce cas donc aux Pays-Bas, beaucoup d’expatriés qui restent à long terme n’apprennent pas la langue ou critiquent la culture locale, ils se permettent ce manque de respect parce qu’ils pensent que le fait qu’ils travaillent et paient leurs impôts leur en donnent le droit. Elle continue et conclue avec la phrase suivante : “ Le mot expatrié a une touche post-coloniale et je me vois comme une immigrée ”, sachant que cela fait plus de 10 ans qu’elle réside aux Pays-Bas.

Mais à partir de quand est-on considéré immigré et non plus expatrié ? Quelle est la limite ? Cela ne se compte pas en années bien sûr, se sentir expatrié ou immigré – ou tout simplement être et vivre dans un autre pays – est un sentiment et c’est à chacun de définir son statut. En outre, pour le Robert de poche plus 2011, la définition de l’immigré est la suivante : “ qui est venu de l’étranger, souvent d’un pays peu développé et qui vit dans un pays industrialisé ”. Est-ce ces deux mots et statuts stigmatisent les différences entre les dits pays développés et ceux moins développés ou en crise économique ? Le débat reste ouvert et il est long, donc nous resterons sur le sentiment propre aux expatriés, du moins ceux qui changent de pays sans fuir le leur, dira-t-on.

Pour ma part, après avoir passé des années aux Pays-Bas, je commençais à me sentir immigrée, d’ailleurs bien que née en France, je me sentais à moitié Française et à moitié Néerlandaise. Mon enfance, je l’ai passée en France, mais mon premier vrai travail, je l’ai decroché aux Pays-Bas, mes références antérieures d’enfant et d’adolescente sont françaises, cependant toutes mes références en tant qu’adulte sont néerlandaises – remplir une feuille d’impôt, le système administratif, la manière de faire les courses, se déplacer en vélo, affronter la pluie chaque jour, etc. Je ne connais aucunement les règles en France. Je parle couramment le néerlandais et mes anciens partenaires étaient Néerlandais, donc je me suis fondue dans la masse locale pour devenir une immigrée, de mon point de vue.

Désormais j’habite en Espagne, et je commence à connaitre assez bien le système espagnol et cette fois-ci en tant qu’expatriée. J’ai mis 3 ans avant de maîtriser la langue, car au début j’avais peu de contact avec les locaux. Je ne sais pas encore combien de temps je vais rester dans ce pays, mais il faudra encore plusieurs années avant que je ne passe du stade d’expatriée à immigrée. Du moins, c’est ce que je pensais à l’époque, il y a encore 1 ou 2 ans en arrière – depuis j’ai compris que l’important est de s’intéresser et d’apprécier la culture locale, ce que je fais et prône depuis mes premiers voyages et séjours à l’étranger, que ce soit à court ou à long terme. Depuis, je parcours le monde de plus en plus, et je me sens citoyenne du monde, cela peut paraître très cliché évidemment ; je veux dire par là, que je me sens Française de sang, mais plus vraiment au niveau de la culture et suis prête à embrasser n’importe quelle autre culture qui voudra m’accueillir et pays dans lequel je me sens bien. Pour réduire le cliché, je dirais que je me sens Européenne, pour avoir y avoir vécu 90% de ma vie.

Bien souvent, les gens qui partent ne pensent pas qu’ils resteront aussi longtemps, un stage, un job, un projet à court terme qui devient du long terme. On s’amourache du pays et fréquence un local, et au final, on ne compte plus revenir dans son pays d’origine, on fonde une famille et on pose ses valises définitivement.

Le mot expatrié signifie être en dehors de sa patrie, il vient des mots grecs exo (« en dehors de ») et patrida (« le pays »), donc si on prend le mot au pied de la lettre, il désigne toutes les personnes qui résident en dehors de leur pays de naissance, expatriés et immigrés confondus.

L’émigré est l’expatrié et l’immigré est l’accueilli, une même personne est à la fois émigrée (vue de son pays d’origine) et immigrée (vue du pays d’accueil). Finalement, en tant qu’expatrié, on peut l’aborder de la même manière, on émigre, on se sent expatrié, cela sous entend qu’on rentrera dans son pays d’origine, alors que l’émigré se sent accueilli et compte s’installer pour de bon.

Ce mot expatrié est nouveau et plutôt à la mode – dans les biographies, on lit souvent “ enfant d’immigrés “, en effet 50 ans plus tôt, ceux qui quittaient leur patrie étaient bien des “ immigrants ou immigrés “ puisqu’ils n’avaient plus d’attaches dans leur pays d’origine, ils avaient abandonné leur pays pour refaire leur vie ailleurs, dans l’espoir d’une vie meilleure. Dans un futur proche, on lira sûrement dans les biographies “ enfats d’expatriés “.

La différence est, de nos jours, qu’expatriés et immigrés, ont toujours contact avec leur pays d’origine. Ils  refont leur vie ailleurs certes, cependant pas complètement, les expatriés sont toujours au contact de leur pays : les visites dans la famille facilitées par les vols à bas prix, contact quotidien ou hebdomaire avec sa propre langue avec les amis ou au bureau, via les réseaux sociaux, associations, rencontres, activités, ou encore concerts dans sa propre langue. Et si cela nous chante, on postule grâce à X plateforme en ligne qui nous propose un job dans autre pays, rien n’est figé dans l’esprit d’un expatrié.

Les expatriés d’Ellis Island sont devenus des immigrés, d’abord ils sont restés entre eux, les Italiens, les Irlandais, etc, ensuite ils se sont melangés et ce melting pot qui a créé New York. L’Europe, par exemple, prend un peu cette tengente, de nombreuses personnes s’expatrient, restent d’abord entre eux pour le confort de la langue et de la culture, puis se mélangent avec les locaux, et au fur et à mesure des générations, on se souviendra d’un grand-père ou d’une grand-mère française qui était venu s’installer dans le pays.

Un jour, j’ai lu un article qui se pose la question suivante : pourquoi les blancs sont-ils des expatriés et les gens de couleur sont-ils des immigrés ? Il est vrai que le terme d’immigré a une touche négative dans nos esprits, pourtant elle n’a pas lieu d’être. Les gens font l’amalgame des mots et mettent les gens qui ne veulent pas s’intégrer dans le même panier. Un expatrié est tout de suite apparenté à une personne d’une certaine classe sociale, pourtant il peut rencontrer les mêmes difficultés à s’adapter que l’immigré qui a priori s’installe définitivement. Au contraire, l’immigré devrait être vu de manière positive, puisqu’il a la volonté de rester dans son pays d’adoption.

Finalement, être expatrié, c’est être loin de son pays, peu importe si on reste ou pas, et il ne faut pas se limiter au mot. D’autres préfèrent utiliser le mot immigré ou de ne pas mettre de mot du tout, je n’y vois aucune objection, ce que je trouve intéressant justement, c’est que le gens voyagent, se mélangent, apprennent une nouvelle langue, observent et étudient d’autres cultures pour mieux s’y adapter.

 

 

Texte de Marie écrit en 2015 et revu en 2018

Sources : Wikipedia et dictionnaire Le Robert de poche plus 2011 (la version 2018 n’a pas été vérifiée)

Crédit Photo : slon.pics http://www.slon.pics/shop/

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